Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

In Love With Her

23 juin 2008

Chef d'oeuvre

Il m'arrive assez fréquemment de regretter de ne pas avoir d'appareil photo sur moi. Parce que certaines images qui s'offrent à mes yeux ont quelque chose qui me plaît énormément, un petit détail qui me touche plus profondément, qui me parle plus intimement. Parce que je voudrais pouvoir m'en souvenir longtemps, même après que des kilomètres et des kilomètres de paysage aient défilé derrière.

Mais aucune photo ne saurait rendre les mêmes impressions qu'avait procuré l'image originelle. Car la photo n'est rien de plus qu'une bête image, si réussie soit-elle ; alors que ce qui nous a procuré une telle émotion était bien plus qu'une image. C'était un environnement, une atmosphère, un état d'esprit, un contexte, une ambiance, bref, une combinaison des plus complexes d'éléments les plus hétéroclites. C'était un tout, un immense tout qu'on ne pourrait en aucun cas emprisonner dans quelques centimètres carrés de papier glacé. Pas plus qu'on ne parviendrait à le décrire avec de simples mots. Notre vocabulaire ne sied guère que pour décrire le visuel, et éventuellement l'auditif. Pour de telles choses, il n'y a pas réellement de traduction possible.

D'ailleurs, je venais de vivre un tel moment. Avec elle. Écroulés dans un parc, comme à notre habitude, au bord de l'eau. À un moment, elle s'est relevée pour s'asseoir, et a regardé au loin. Rien que ça, déjà, c'était beau : son visage, son regard, le tout avec les arbres et l'eau comme arrière-plan. En fait, quels que soient l'endroit et le contexte, sa présence suffisait à ajouter plus de beauté que de nécessaire. Mais là, il a suffi que je me relève aussi, et que je m'arrête une dizaine de centimètres avant que sa joue soit à portée de mes lèvres. À ce moment là, c'était plus que beau. C'était une œuvre d'art.

Publicité
Publicité
23 juin 2008

Le jardin des souvenirs...

Parfois, on sème des graines et on attend de voir pousser des fleurs… J'ai découvert qu'on pouvait aussi semer des souvenirs, et se laisser surprendre quelque temps plus tard par la façon dont-ils avaient poussés.

Un jour, en se baladant, on est passés par une ruelle des plus quelconques. Tandis qu'on marchait, elle me parlait du voyage qu'elle venait de faire à Marrakech. Quelques mois plus tard, je suis repassé par hasard dans cette ruelle, et je m'y serais cru au Maroc… Sur le coup, je n'ai pas vraiment compris ce qui m'avait donné une telle impression. Il m'a fallu plusieurs minutes pour réaliser que le sable, les chameaux et les marchands de tapis au milieu desquels je passais n'étaient rien d'autre que les mots et les impressions que nous avions semés la fois précédente, et qui, arrosés par la simple œuvre du temps, avaient incroyablement poussé. En revanche, dans les rues suivantes, par lesquelles je passais plus régulièrement, les mauvaises herbes de la routine avaient empêché tout souvenir de prendre racine. Le phénomène n'avait touché que notre petite ruelle. J'ai donc décidé de la rebaptiser "rue du Maroc".

Puis, voyant que des souvenirs se mettaient également à pousser sur le parfum du jasmin, le goût du sorbet au citron vert, le morceau "Wild Horses" des Rolling Stones le cri d'un canard, la vue d'une image de cochon, j'ai entrepris de dresser une carte de Notre Monde. Y figurent toutes ces petites fantaisies qui paraîtraient sans aucun intérêt à la grande majorité des gens, mais qui ont une signification immense à mes yeux : ce sont les signatures que nous gravons dans tous les moments de bonheur que l'on bâtit ensemble et qui les feront durer même lorsque nous serons loin l'un de l'autre. Ce sont les miettes de diamant que, tels Hansel et Gretel, nous avons semé sur notre chemin.

23 juin 2008

Première impression

Ses cheveux… Je crois qu'elle n'a d'abord existé dans mon esprit et dans mon cœur que par ses cheveux. Auriez-vous interrogé quelqu'un à leur sujet, vous auriez simplement eu pour réponse qu'ils n'avaient rien de particulièrement spécial, ces cheveux. Non, certes. Ils n'étaient spéciaux que pour moi, qu'en moi. Parce que ses cheveux furent la première chose que je vis d'elle. Parce que ce sont eux qui m'en ont rendu amoureux, en quelque sorte.

Je ne me souviens plus vraiment du jour où c'est arrivé. Ni de l'endroit précis où je l'ai croisée. Au fil du temps, tous les détails de ce genre s'étaient dissipés de ma mémoire, pour ne plus laisser de place qu'à elle, qui était devenu le centre de mon monde, elle vers qui chacune de mes pensées finissait tôt ou tard par converger.

J'avais, pour une raison quelconque, tourné la tête. Et soudain, au milieu du vide que j'étais en train de fixer, ils m'étaient apparus. Ses cheveux. Ils prenaient à ce moment précis la courbure la plus esthétique que l'on pouvait imaginer, voilant la majeure partie de son visage, de profil. Elle y avait porté la main, de la manière la plus innocente que l'on pouvait imaginer, ramenant une mèche derrière son oreille. Puis elle avait tourné la tête dans ma direction et avait souri. C'est le moment qu'avait choisi quelqu'un pour venir se loger entre mes yeux et ses cheveux, entre mon cœur et son sourire, et me l'avait dérobée du regard. L'instant d'après, elle s'était volatilisée. Mais cela avait suffi à me faire tomber amoureux…

23 juin 2008

Addiction

Il y a des moments où on se sent con. Ça venait de m'arriver. Elle était venue chez moi quelques jours avant. Elle avait dû prendre mon canard en peluche quelques secondes dans ses bras, puis le reposer. Et là, au moment même où j'attrapais la bestiole pour la ranger, j'ai été attaqué une fraction de seconde par son parfum. J'ai collé mon nez dans son plumage, inspiré profondément, déplacé un peu mes narines, inspiré encore plus profondément, et j'ai dû continuer ce manège pendant plusieurs bonnes minutes, avant de me rendre compte de ce que j'étais en train de faire. J'ai posé le canard, en me disant que je devais avoir l'air ridicule, à humer ainsi la pauvre bête pour m'enivrer de l'infime fragrance qu'elle y avait involontairement déposé. D'autant qu'encore quelques mois auparavant, je trouvais ce genre d'attitudes totalement absurdes, j'étais presque répugné par tout ce qui avait trait à une conception si mièvre de l'amour et des sentiments. Et voilà que je me retrouvais en train de me comporter comme une fillette de dix ans qui n'ose plus se séparer d'une babiole qui aurait soi-disant appartenu à son amoureux caché ou de je ne sais quelle autre extravagance. Non, il fallait que je me reprenne, c'était débile. D'ailleurs, il n'était pas impossible que j'aie simplement rêvé cette odeur, que je me la sois simplement inventée dans le besoin d'un prétexte pour penser à elle et me rendre compte que je l'aimais vraiment de plus en plus. Je jetai un coup d'œil en biais au canard gisant à mes côtés. Mon imagination me jouait-elle vraiment de tels tours ? J'empoignai l'animal pour le soumettre à nouveau à l'examen de mes narines. Oui, le parfum était bien là, m'indiqua une profonde inspiration. Oui, c'était bien le sien, il n'y avait pas de doute, me révéla une seconde inspiration, encore plus longue et profonde que la première. Oui, c'était bien elle, et j'en étais vraiment amoureux, me confirmèrent de nouvelles inspirations. Ce soir-là, je n'ai même pas daigné me lever pour aller manger ni m'allonger pour dormir. Je suis resté bêtement assis, mon Coin-Coin coincé entre mes bras et mon nez, mes narines en humant chaque centimètre carré pour en capturer le parfum.

Il y a des gens qui sont accrocs à la cocaïne et se shootent en sniffant de la poudre.

Moi, j'étais accroc à elle, et je me shootait en sniffant du canard en peluche…

Publicité
Publicité
Publicité
Publicité