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In Love With Her
23 juin 2008

Addiction

Il y a des moments où on se sent con. Ça venait de m'arriver. Elle était venue chez moi quelques jours avant. Elle avait dû prendre mon canard en peluche quelques secondes dans ses bras, puis le reposer. Et là, au moment même où j'attrapais la bestiole pour la ranger, j'ai été attaqué une fraction de seconde par son parfum. J'ai collé mon nez dans son plumage, inspiré profondément, déplacé un peu mes narines, inspiré encore plus profondément, et j'ai dû continuer ce manège pendant plusieurs bonnes minutes, avant de me rendre compte de ce que j'étais en train de faire. J'ai posé le canard, en me disant que je devais avoir l'air ridicule, à humer ainsi la pauvre bête pour m'enivrer de l'infime fragrance qu'elle y avait involontairement déposé. D'autant qu'encore quelques mois auparavant, je trouvais ce genre d'attitudes totalement absurdes, j'étais presque répugné par tout ce qui avait trait à une conception si mièvre de l'amour et des sentiments. Et voilà que je me retrouvais en train de me comporter comme une fillette de dix ans qui n'ose plus se séparer d'une babiole qui aurait soi-disant appartenu à son amoureux caché ou de je ne sais quelle autre extravagance. Non, il fallait que je me reprenne, c'était débile. D'ailleurs, il n'était pas impossible que j'aie simplement rêvé cette odeur, que je me la sois simplement inventée dans le besoin d'un prétexte pour penser à elle et me rendre compte que je l'aimais vraiment de plus en plus. Je jetai un coup d'œil en biais au canard gisant à mes côtés. Mon imagination me jouait-elle vraiment de tels tours ? J'empoignai l'animal pour le soumettre à nouveau à l'examen de mes narines. Oui, le parfum était bien là, m'indiqua une profonde inspiration. Oui, c'était bien le sien, il n'y avait pas de doute, me révéla une seconde inspiration, encore plus longue et profonde que la première. Oui, c'était bien elle, et j'en étais vraiment amoureux, me confirmèrent de nouvelles inspirations. Ce soir-là, je n'ai même pas daigné me lever pour aller manger ni m'allonger pour dormir. Je suis resté bêtement assis, mon Coin-Coin coincé entre mes bras et mon nez, mes narines en humant chaque centimètre carré pour en capturer le parfum.

Il y a des gens qui sont accrocs à la cocaïne et se shootent en sniffant de la poudre.

Moi, j'étais accroc à elle, et je me shootait en sniffant du canard en peluche…

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